ECHANGER UN REGARD
J’ai toujours pensé que ce sont les choses et les êtres qui me regardent et que je dois les déchiffrer. Je vois le monde comme une énigme avec ses écritures illisibles. Dans mes promenades j’apprends à lire la partitions mouvante des aiguilles de pins dispersées par le vent. Je saisie la courbe d’un fol avoine entremêlé dans sa tige pour en faire son éloge. A Varsovie, je photographie les portails de jardins ouvriers, là un soleil, là un mot, là un graphisme abstrait. En gravant des miroirs, je crée des pièges à reflets aux calligraphies insaisissables. Dans la fibre d’un pétale de tournesol, je cherche sur chaque pixel quelles en sont leurs lignes. Aux genêts d’Espagne qui obstruent le passage sur le sentier de mon atelier aux Alyssas je noue leurs tiges pour essayer de les rendre lisible. Au fond, dans mon travail Il y a ce désir de donner à voir ce qui ne peut me laisser indifférente.
DE L’EPHEMERE AU PERENE
En réalisant des installations éphémères avec des végétaux, je devais les transcrire en estampes pour en préserver la mémoire. C’est dans cette salle, à Angle au début des années 90 que j’ai commencé à imprimer mes premières sérigraphies avec Marie Noelle Gonthier. Mes éditions se sont poursuivies dans les ateliers d’Eric Linard Edition avec qui je collabore depuis. Sérigraphie, lithographie et digigraphie sont des techniques qui ont su restituer l’exigence du dessin végétal et le multiple celui de servi la diffusion de mon travail.
"ARCHIVES ACTIVES"
Angle Art Contemporain m’a offert plusieurs occasions de présenter mon travail et cela dès mes études aux Beaux Arts à Valence. Pour Archives Actives j’y expose des estampes éditées entre 1992 et 2012. A cette occasion une carte postale a été imprimé pour préfigurer l’ installation avec des végétaux mise en place le 28 décembre 2012. Cette installation faite de feuilles et de vrilles propose un éccart entre la surface granuleuse du mur et l’oeil. C’est là qu’opère la 4ème dimension, celle d’un poème visuel. Ni mesures, ni calcule ne pourront en définir les normes. On ne peut qu’en déduire, en retraçant le chemin à rebours, avec déductions que l’échelle d’une feuille est à l’infiniement petit celui de l’arbre et que notre perception s’en trouve déroutée et peut-être émue.
MATHILDE PAPAPIETRO
Originaire de la Drôme, je vis et travaille à Varsovie depuis 1997. C’est en 1991 au Alyssas à Clansayes que j’ai installé mon atelier. Ce vallon est à présent classé réserve végétal. Pour relier ces lieux, je traverse ou survole l’Europe cinq fois par an.
Novembre 2012 pour l’exposition archive active à Angle art contemporain dans la Drôme
www.angle-art.fr
www.angle-art.fr/ARCHIVES-ACTIVES.html